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Mot de la présidente d'honneur

Chers collègues,

L’immixtion de la science et des progrès de la médecine dans la société peut s’apprécier selon des critères sociétaux, religieux ou philosophiques généralement frénateurs, mais aussi, par le progrès habituel du savoir et du bon sens.
La sexologie a aujourd’hui acquis son indépendance, mais elle ne peut pas être seulement une science car elle doit rester un art. En effet, l’objet de la sexologie c’est le patient. Quant à la maladie elle est le siège de recherches multiples issues de disciplines plurielles.

Depuis l’Antiquité jusqu’à Jean Pic de la Mirandole (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Pic_de_la_Mirandole) († 1494), les sciences faisaient partie d’un tout mais depuis le XX° siècle la spécialisation universitaire a conduit à des cloisonnements excessifs. Blaise Pascal avait déjà remarqué qu’on ne peut connaître les parties sans connaître le tout et réciproquement, ce qui conduira aux notions de polydisciplinarité, multi, trans ou interdisciplinarité, chacun des créateurs de ces presque synonymes, ressentant en fait le même besoin de syncrétisme scientifique. La transdisciplinarité s’en distingue, comme l’indique son préfixe «trans», comme étant la démarche intellectuelle sise à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline.

Nous prendrons deux exemples : celui des diapos que ne manquerons pas de nous projeter les intervenants et celui de l’homosexualité.
A quoi doit-on l’invention des diapos qui seront projetées tout à l’heure à partir d’un simple fichier informatique ?
Commençons par les entomologistes qui étudiaient les motifs colorés des ailes de papillons. Certaines des couleurs observées étaient si éclatantes et pures qu’on a voulu les analyser pour éventuellement en fabriquer.
Déception, les ailes de la plupart des papillons sont entièrement recouvertes d’écailles monochromes et grisâtres mais striées de minuscules plis dont le rôle est de diffracter la lumière du soleil. C’est la structure de l’aile de papillon qui fait sa couleur. Les gens de l’optoélectronique se sont emparés de cette découverte et ont demandé aux fondeurs de composants d’imiter ces écailles pour obtenir de la couleur.
Ceci a été résolu en fabriquant un composant électronique extraordinaire. En effet sa surface est couverte d’une infinité de petits miroirs orientables sur deux axes commandés par informatique et permettant de constituer quatre trames, une pour le blanc et noir et les trois autres pour chacune des couleurs fondamentales.
Voilà l’exemple d’une pluridisciplinarité, improbable à priori, qui nous permet de projeter des « photos en couleur » à partir d’un projecteur bénéficiant de la même technologie !

Et l’homosexualité me direz-vous ? Tout le monde se souvient de la très belle chanson d’Aznavour décrivant le prototype d’homo vivant chez Maman avec un canari et une chatte ou encore des homos dépeints dans la Cage aux Folles. Mais nous sommes loin de décrire ainsi l’homosexualité dans son ensemble. Le mot lui-même pourrait bien disparaître du vocabulaire comme s’est évanoui le mot frigidité. Des pistes intéressantes sont actuellement issues de plusieurs disciplines scientifiques afin d’évoluer dans la compréhension de ce comportement.

Le titre de ces journées est « La sexologie dialogue avec les autres disciplines ». Depuis toujours les sexologues ont travaillé non seulement avec l’individu dans la totalité de son être mais aussi sur les deux entités que forme le couple. Cette année, le choix de ce sujet et de toutes les conférences qui vont animer ces journées , vont nous acheminer vers l’interface des différentes spécialités invitées afin d’amplifier nos interactions médicales et scientifiques : psychiatrie, chirurgie, cardiologie, dermatologie, gynécologie, sociologie, neurobiologie, génétique…

Que les joutes intellectuelles commencent et vous apportent le plaisir de poursuivre vos recherches et votre soif de connaissance dans la bonne humeur et l’amitié !

Nadine Grafeille



Membre fondateur de l’AIHUS
Médecin sexologue et psychiatre
Directeur de l’Enseignement Universitaire de Sexologie de Bordeaux



Mot du président du comité local d'organisation

Editorial : La sexologie est une spécialité multidisciplinaire

Si le gynécologue est évidemment au centre de la sexualité de la femme et du couple, il ne peut pas ne pas oublier que le champ de la sexologie implique l'aide de multiples spécialités médicales et non médicales. Le gynécologue ne peut pas rester qu'un simple technicien. L'analyse du symptôme lui impose une démarche MPSC (Médicale-Personnel-Société-Couple).
La démarche médicale est avant tout diagnostique puis thérapeutique. Ces 2 étapes imposent le recours aux autres spécialistes que sont les urologues, les psychiatres, les gastro-entérologues, les cardiologues…

Les principales composantes des dysfonctionnements sexuels imposent ensuite l'analyse de l'aspect personnel, avec l'évocation du passé de la personne (éducation, expérience, religion, abus sexuel) et de son présent (dépression). Si le médecin peut trouver une explication non médicale au symptôme, il fera appel aux spécialistes compétents. La personne doit être replacée dans son environnement social (famille, profession, amis). L'aide de psychologue, conseillère familiale et conjugale, de travailleurs sociaux trouve ici tout son intérêt. Enfin, l'évolution relationnelle du couple ou les éventuels de dysfonctionnements du partenaire sont nécessaires à connaître, pour permettre une approche globale du dysfonctionnement sexuel. Les thérapies de couple et les sexothérapies nécessiteront l'intervention des professionnels compétents.

Ces réflexions sont les thèmes des 4° assises de sexologie. L'approche multidisciplinaire n'est ni naturelle ni culturelle, elle impose un véritable effort de partage et de recherche des compétences. Ces assises se dérouleront à Nantes, lieu de naissance d'Anne de Bretagne qui on le sait grâce à ses mariages fut archiduchesse d'Autriche, reine des Romains et enfin Reine de France. Elle a fait preuve de réelles compétences pour permettre l'union de la Bretagne à la France.

Je vous donne donc rendez-vous à Nantes les 31 mars, 1°, 2 et 3 avril 2011.
Espérons qu'en plus du travail personnel, ces journées soient une ouverture à l'indispensable tolérance fondée sur la pluridisciplinarité.
Espérons qu'un programme adapté vous permettra de visiter à quelques pas de la cité des congrès le beau château d'Anne de Bretagne.


Patrice Lopes

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Professeur des Universités
Responsable du DIU de sexologie des 7 CHU de l'Ouest
Directeur du comité de rédaction de la revue 'Profession Gynécologue'
Président du GEMVi (Groupe d'étude de la ménopause et du vieillissement hormonal)

 

 

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